image invalideNE RÉSISTEZ PAS AUX EXTRATERRESTRES
CHAPITRE PREMIER
Une force de la nature
Hors du commun, Marius Dewilde l'est sans conteste. Cette force de la
nature, bien qu'elle fut contactée par une race végétarienne et sage ,
ne pratique pas la naturopathie , ni la " sagesse " d'ailleurs. Sans
doute le lui reproche-t-on hors de nos trois dimensions. En tout cas ,
il émane de cet homme , né en 1921 , un naturel qui ressemble a de la
bonne matière brute. Il recèle ce que Nietzsche appelle : " La saine
raison animale. "
D'emblée , précisons un point important : ce livre ne vise qu'un but ,
cerner la vérité et la pénétrer si possible. Il n'est donc pas question
de " flatter Marius Dewilde ou de le " rabaisser " aux yeux du public
, mais plutôt de produire un travail qui tient davantage du journalisme
(mon ancienne profession) que de la littérature sophistiquée.
A ce sujet , je remercie Marius Dewilde qui me dit sans ambages
" Si tu as envie de ' casser du sucre ' sur moi ,ne te gène surtout
pas ! L'important , c'est d'écrire la vérité. "
Première prise de contact vivifiante au cours de laquelle vient
spontanément le " tu " qui tue l' inessentiel.
Marie-Claire et moi avons devant nous un homme qui ne craint pas les "
apparences " , un étre qui se montre , coeur ouvert , dans sa totale
vérité ,
en boudant l'euphémisme ,je me suis souvent demandé pourquoi un pauvre
con de mon espèce avait été contacté par des êtres aussi intelligents !
Rétablissons immédiatement une échelle de valeurs : Marius Dewilde
est un aventurier , et j'attache a ce mot la plus grande importance :
nous voici dés ce premier chapitre confronté a un problème de sémantique
et , comme je le craignais , on risque de ne pas me comprendre.
Jean-Yves Casgha , cher ami érudit a l'esprit ouvert , au secours
" La langue , on le sait , est un instrument de communication qui
évolue et dont le rôle est de fournir des informations accessibles a
tous sur un élément donné , au détriment parfois d'une certaine
précision. Vous entendez par exemple tous les jours l'adjectif '
valable ' a n'importe quel propos , et si l'on veut signifier qu'un
homme est " remarquable " ,ou bien " intéressant " , ou bien "
intelligent " , ou
bien " réputé ", ou bien " honorable ", ou bien dix autres adjectifs ,
"valable " vient recouvrir toutes ces nuances. C'est ce qu'on appelle "
l'économie du langage ". C'est ce que j'appelle appauvrissement " .
Donc , un aventurier n'est pas obligatoirement un perceur de
coffre-fort mais un homme qui déteste l'ennui , l'habitude , le confort
d'une émolliente sécurité , c'est un homme qui prend des risques, opère
des choix , c'est un homme épris de liberté , qui lutte , tombe , se
redresse , fonce et s'assume pleinement.C'est un homme qui inspire
l'admiration ou la haine , jamais le mépris , car on voudrait étre ce
qu'il est un aventurier qui brave a peu prés tout. Des exemples ? Il y
en a a la pelle : Henri de Monfreid , Colomb , Giordano Bruno , Henry
Miller , Boris Vian , Jacques Brel et ... pourquoi ne pas le citer... un
étre prodigieux qui est allé jusqu'au bout des choses et
dont l'ignoble effigie demeure visible dans n'importe quelle église ,
vendue en pendentif ou accrochée dans l'appartement de tout bon
catholique.
J'ai dit que je serai sans tendresse , et notamment pour les "
marchands du temple " : c'était ma manière d'expliquer ce qu'est un
aventurier. Un tel homme , dans sa soixantième année , compte tenu de sa
riche expérience , ne peut pas étre un " pauvre imbécile " , même si
notre belle culture ne l'a pas touché de son aile qui vole souvent bien
bas.
Marius Dewilde possède un regard , ce qui n'est pas donné a tout le
monde : ses yeux profonds , étonnamment limpides , reflétant une
intelligence sensitive que son intellect traduit mal. La souffrance - et
Dewilde a terriblement souffert - ne passe
pas au travers d'un étre sans l'épurer , même s'il semble " impur " a
priori.
Ce colosse amputé du bras droit , cet ancien braconnier (oui , hélas ,
il tuait comme un chasseur !) , ce fumeur invétéré qui ne dédaigne pas
le " calva ", ce Gitan aux cheveux longs , embroussaillé de barbe et
qui porte un anneau a l'oreille selon la tradition " manouche " , cet "
égrillard " qui sait encore apprécier les jolies femmes , cette masse de
muscles , de chair , d'os et de sang , masque un Pur Diamant , visi-
ble pour qui sait voir. Ce diamant fut probablement perçu par ces
fameuses Intelligences Supérieures que l'on nomme " extraterrestres "
, d'ou les multiples
ennuis dont fut victime Marius Dewilde , ce libéral qu'on ne pouvait "
emprisonner " et qui résistait a tout : même a plus fort que lui !.
Michel Leproust , l'ami fidèle
Une fois de plus , mon adage préféré , que je rapporte dans
presque tous mes ouvrages , prend ici une nouvelle confirmation : il y a
accord dans tout contraste.
Dans l'ombre de Marius Dewilde - qui est aussi savoureux que
tonitruant - évolue un homme calme , doux , pondéré , discret , poli et
efficace : Michel Leproust (qui , sublime hasard , emploie un langage
proustien pour s'exprimer) classe le courrier , y
répond , tient a jour une impressionnante documentation sans laquelle ce
livre n'aurait pu étre rédigé.
Il est a la fois l'artisan d'un diaporama se rapportant a l'affaire de
Quarouble , et l'ange-gardien a l'épée flamboyante qui filtre les
visiteurs. Car Michel Leproust s'est donné , entre autres missions ,
celle de protéger son ami " Mano " , trop confiant selon lui.
A ce propos , ce n'est pas sans un certain sourire intérieur que , de
bonne grâce , je me suis soumis au subtil sondage de Michel Leproust qui
voulait savoir qui j'étais. Quand j'ai répondu a ses questions en
tentant de lui définir qu'aucune espèce de lucre ne m'animait (j'ai
menti , bien sur , j'espère que ce livre nous rapportera beaucoup
d'argent !) , Michel Leproust s'est précipité sur son magnétophone pour
enregistrer ma déclaration. Sage et prudent monsieur Leproust , mu par
de rares sentiments d'amitié qui vous honorent , je vous rassure une
nouvelle fois en ces pages cette affaire est trop grave , trop sérieuse
, pour que je la tourne en dérision , et si parfois quelque " humour "
vient s'y glisser , nul ne saurait en prendre ombrage : ni vous , ni
Mario , ni même ceux que je ne vois pas mais qui - me semble-t-il - me
soufflent des tas de choses a l'oreille , lesquelles ne sont pas
toujours " tristes " . (Quelle imagination débordante !) Nos petits
hommes aux yeux bridés auraient-ils le sens de l'humour ?
Ne nous égarons pas , je vous laisse la parole monsieur Leproust (il
est très sensible au " monsieur " , chacun ses vices !) dites-nous
comment vous avez rencontré Marius Dewilde
" Ce fut par le truchement de Pierre Delval qui dirigeait , a
Grenoble , un groupement d'étude en publiant un bulletin intitulé "
Phénomènes Inconnus."
Passionné par l'ufologie , j'ai rencontré Marius Dewilde en septembre
1972 , a Tours. L'affaire de Quarouble avait laissé chez Marius Dewilde
des traces d'amertumes dues au reflet d'une certaine mentalité , ce qui
m'émut au plus haut point car j'avais le sentiment que cet homme était
d'une sincérité absolue.
Aujourd'hui , j'ai la preuve formelle que Marius Dewilde n'a rien
inventé , au contraire , il n'a pas tout dit. Nous pensons , lui et moi
, qu'il est temps de ne plus rien dissimuler. "
CHAPITRE DEUXIEME:
Contactés , mes amis... Marius Dewilde vous parle !
A ma connaissance , aucun journaliste - sinon Marc Thirouin et
Jimmy Guieu n'a jamais rapporté très exactement mon histoire , et
cela tient sans doute au fait , qu'a l'époque , j'étais encore sous le
coup de l'émotion et que les interviews que j'accordais n'étaient
probablement pas très claires. Il faut bien comprendre qu'une telle
aventure perturbe un étre humain qui se trouve brutalement confronté a
un événement apparemment incohérent. J'ai dit , par exemple , que
j'avais été paralysé par un rayon vert , mais , honnêtement , je ne suis
pas certain de la couleur. Il y eut également des différences de
distances entre l'engin et moi , je ne tiens pas pour responsables les
journalistes , la faute m'incombe certainement. Mais , finalement , tout
ceci n'appartient qu'a un ordre de détail qui ne revêt pas beaucoup
d'importance.
Dimanche 13 janvier 1980 vingt-six ans se sont écoulés depuis le
premier atterrissage et , depuis , bien des choses se sont passées ,
celle-ci notamment :mon
esprit est moins enfiévré , plus clair plus lucide , une transformation
s'est opérée en moi et elle me permet , entre autres , une certaine
rigueur , une volonté d'exposer les faits tels que je les ai réellement
vécus , sans fioritures ni rajouts.
Peut-être fallait-il attendre vingt-six années terrestres pour que
mûrisse en moi ce que Roger-Luc Mary appelle une " psycho-mutation " .
C'est possible. En tout cas , d'autres raisons m'ont poussé a me taire ,
celles-ci ne sont pas toutes d'un ordre " psychologique " , et je m'en
expliquerai au cours de ce récit . Par contre , il est une raison qui ,
elle , est bien d'un ordre psychologique et je tiens , d'ores et déja ,
a la définir. Je n'ai jamais supporté que l'on atteigne a ma liberté ,
que l'on me dicte ce que j'ai a faire.
L'homme que j'étais en 1954 - et que je ne suis plus du tout - fut tout
d'abord surpris par une chose incompréhensible et contre laquelle il se
révolta parce qu'il ne la comprenait pas. S'il m'était offert de revenir
en 1954 avec ce que je sais en 1980,
j'agirais différemment.
Le tout premier " message " que j'ai a livrer ici s'adresse ,
d'abord , aux contactés qui liront ce livre:
NE RESISTEZ PAS AUX EXTRATERRESTRES. ILS POSSEDENT UNE SCIENCE ENORME
ET LEUR INTENTION EST D'EN FAIRE PROFITER CEUX QUI EN SONT DIGNES. EN
PLUS DE L'AMOUR , ILS POSSEDENT LA SAGESSE ET UNE IMMENSE NOTION DE
JUSTICE. UN CONTACTE NE COMPREND PAS TOUJOURS CELA DES LE PREMIER "
CONTACT ". CONTACTES , MES AMIS , VOUS SEULS POUR L'INSTANT ETES APTES A
COMPRENDRE MON LANGAGE , ALORS COMPRENEZ-LE BIEN:VOUS REFUSEZ DE PARLER
PARCE QUE VOUS CRAIGNEZ DE PERDRE VOTRE SITUATION , DE METTRE EN
FAILLITE VOTRE VIE FAMILIALE , D'ETRE L'OBJET DE MOQUERIES ET DE
TRACASSERIES DE TOUTES SORTES. NE
COMPRENEZ-VOUS PAS QUE CE SONT DES EPREUVES DE FORCE AUXQUELLES VOUS
ETES SOUMIS POUR QUE L'ON JUGE (OU
JAUGE) QUI SERA CAPABLE D'AIDER ? QUICONQUE AURA ETE CONTACTE ET
RESISTERA A CE QU'IL DOIT ACCOMPLIR NE SERA
PLUS CONSIDERE QUE COMME " CATALYSEUR " ET SA TACHE S'EN TROUVERA TRES
AMOINDRIE. IGNORERIEZ-VOUS QU'IL EXIS-
TE UNE AUTRE SORTE DE " CONTACTES " QUI , EUX , N'ONT PAS EU LE
PRIVILEGE DE VOIR ET QUI , CEPENDANT , N'HESITENT PAS A TOUT RISQUER
(CONFORT, VIE MATERIELLE ET AFFECTIVE) POUR OBEIR A CE QU'ILS CROIENT
SANS L'AVOIR VU ? NE RECOMMENCEZ PAS MES PROPRES ERREURS, LE MONDE EST
DEJA MIEUX PREPARE QU'IL NE
L'ETAIT EN 1954 , UN GRAND NOMBRE VOUS ECOUTERA , ET VOUS SAVEZ AUSSI
BIEN QUE MOI A QUEL POINT CELA EST IMPORTANT.
NE RESISTEZ PLUS !.
Marius Dewilde raconte sa première rencontre du troisième type
Nous sommes le vendredi 10 septembre 1954 , il est environ 22 h 30.
J'habite une petite maison a Quarouble , dans le nord de la France.
C'est une maison de garde-barrière , donc très proche de la voie ferrée.
Les " soucoupes volantes " ? Connais pas ou plutôt , j'en entends
parler comme tout le monde , mais pour moi , c'est de la foutaise.
Je suis un homme simple , un ouvrier métallurgiste qui ne pense qu'a
améliorer son confort. J'ai pu acheter une télévision : en 1954 , ce
n'est déja pas si mal. Ma femme est d'ailleurs en train de la regarder
tandis que moi , je préfère lire mon journal : en tant qu'ancien marin
un article me passionne , il s'agit du drame de l'Abeille.
Soudain , Kiki , mon chien , se met a aboyer d'une façon anormale
depuis sa niche qui est a l'extérieur de la maison.
- Qu'est-ce qui lui prend ? questionne ma femme.
- Je n'en sais rien , je vais aller voir.
Je pose mon journal , prends une torche électrique et sors de la
maison ou ma femme demeure assise devant le poste de télévision.
Dehors , la nuit est sombre. Je ne vois qu'un écran noir. Je braque ma
torche électrique sur Kiki , littéralement terrorisé , levant le museau
vers le ciel pour " hurler a la mort ".
Je ne suis pas superstitieux , mais ce hurlement me colle un mauvais
frisson sur la peau :
-Tais-toi
Kiki obéit , mais en gémissant , comme s'il souffrait. J'observe les
alentours que je balaie de ma torche électrique : rien de particulier !
Je me dirige alors vers la droite de la maison qui est entourée par une
palissade de 1 m'étre 20 de hauteur je l'ai construite moi-même pour
empêcher les enfants et le chien d'aller traîner sur la voie ferrée.
En arrivant prés de la barrière , j'éteins la torche et satisfais un
besoin naturel. C'est alors que j'aperçois , sur ma gauche , une masse
sombre posée sur les rails ,a environ six ou sept mètres de moi.
Je pense tout d'abord a un wagon mais , rapidement , je me rends
compte que l'engin ressemble a tout ce que l'on pourrait imaginer sauf a
un wagon ferroviaire.
Brusquement , derrière moi , prés de la maison des bruits de pas...
Je ne m'affole pas outre mesure car , souvent , des contrebandiers
empruntent ce chemin , prés de la maison , pour passer en Belgique.
Le chien recommence a s'exciter , allant en tous sens , tirant sur sa
chaîne. Des ombres se profilent et avancent vers moi.
J'ai trente-trois ans , ma taille est bien au-dessus de la moyenne ,
je pèse soixante-quinze kilos , je suis tout a fait sur de ma force :ce
sont probablement des gamins en maraude , des chapardeurs de poulailler.
Pourquoi songerais-je a des gamins ? Pour deux raisons :ils en ont la
taille et cherchent a fuir - sans précipitation d'ailleurs - en se
dirigeant vers la porte de la palissade.
D'un bond , je leur barre le chemin et braque sur eux le faisceau
lumineux de ma torche. Stupéfaction ! La lumière que je projette se
réfléchit sur leur tête comme sur du verre. Ils sont vêtus d'une sorte
de combinaison sombre qui semble étre de la matière très souple. Ma
première idée : en ceinturer un.
On dirait alors que cette pensée agressive (probablement captée)
déclenche un rayon de lumière qui jaillit de la masse sombre posée sur
les rails. Ce rayon m'enveloppe en me paralysant de la tête aux pieds.
Je voudrais crier , bouger : impossible. Seul
mon cerveau fonctionne d'une manière on ne peut plus lucide. Je ressens
des picotements dans tout le corps tandis que je vois et entends
parfaitement.
Ils marchent sur la dalle de ciment , franchissent la porte de la
palissade , se fondent dans la nuit , rejoignent la masse sombre posée
sur la voie.
Un bruit de porte a glissière me parvient et , bientôt , un sifflement
qui s'intensifie. Je perçois un souffle tiède , très agréable a respirer
, comme l'odeur des foins fraîchement coupés.
Le rayon lumineux disparaît et je retrouve , instantanément , l'usage
de mes membres. Je vois alors l'engin - toujours une masse sombre - qui
monte dans le ciel : peut-être a la verticale , a trente ou quarante
mètres. L'engin s'illumine peu a peu,
devient fluorescent , orange, presque rouge. C'est fini .
Il a disparu ...
CHAPITRE TROISIEME
Le même soir , a deux heures d'intervalle
Aprés cette première aventure , Marius Dewilde ne se doutait pas que ,
deux heures plus tôt , en Corrèze , des événements , analogues a ceux
qu'il avait vécus , s'étaient également déroulés.
Dans son livre , Black-out sur les soucoupes volantes , Jimmy Guieu ,
qui enquêta sur place , rapporte les faits et ses propres conclusions ,
véritablement prophétiques.
La journée du 10 septembre 1954 fut marquée , en France , par deux
événements stupéfiants. Le premier survint a 20 h 30 , en Corrèze , non
loin du hameau de Mourieras , sur le plateau de Millevaches.
Ce soir-la , M. Antoine Mazaud , cinquante ans , oeuvrant de ses
champs , rencontra sur un sentier ,a 1500 mètres de son habitation , un
" individu " inconnu , de taille normale , coiffé d'un casque - analogue
a ceux des motards mais sans oreillettes - qui marcha vers lui. La
surprise fut grande de part et d'autre mais M.Mazaud , inquiet ,
esquissa un geste de défense avec la fourche qu'il portait sur son
épaule. C'est alors que " l'inconnu " s'avança vers M.Mazaud , les
mains tendues , souriant , pour le convaincre de ses bonnes intentions.
Craignant de
ne pas assez se faire comprendre, "l'inconnu " s 'approcha du fermier
et , tout en prononcent des paroles incompréhensibles , il lui prit les
mains et les serra
avec chaleur.
Puis , avant que M. Mazaud ne fut revenu de sa surprise , il enjamba
le talus bordant le sentier et sauta dans un engin bizarre , ayant la
forme d'un gros cigare métallique , de trois a quatre mètres de long.
L'appareil , qui n'était pas éclairé , décolla a la verticale en
émettant un curieux bourdonnement de ruche et disparut en direction de
l'ouest.
Les dires de M. Mazaud , déformés , firent écrire a certains qu'il
avait été embrassé par l'Ouranien.En réalité , ce dernier lui pressa
simplement les mains en signe d'amitié.
Longuement interrogé par le lieutenant de gendarmerie d'Ussel , le
témoin maintint formellement ses déclarations , déplorant simplement
tout le bruit fait autour de son extraordinaire aventure. La gendarmerie
, prévenue seulement cinq jours plus tard , ne put relever aucune trace
a l'emplacement de l'atterrissage. Précisons que M.Mazaud ,
honorablement connu , n'a pas la réputation d'un farceur ni d'un
visionnaire. Son incontestable accent de sincérité , l'absence de toute
contradiction dans son récit on convaincu les enquêteurs de sa probité.
Par ailleurs , venant ainsi confirmer la présence d'un engin "inconnu"
dans la région , M. George Frugier , trente ans , habitant Limoges ,
affirma avoir aperçu précisément vers 20 h 30 , un " disque "rouge
sillonnant le ciel d'est en ouest et laissant échapper une traînée
bleutée. Limoges est justement située au nord-ouest de Mourieras
(commune de Bugeat) d'ou décolla le cigare , sa puissante luminosité en
vol a pu prendre l'aspect d'une sphère lumineuse noyant la forme réelle
de l'appareil qui fut alors pris pour un " disque ".
Aujourd'hui , Jimmy Guieu n'émettrait pas une telle hypothèse , mais
l'ufologie d'il y a vingt-six ans ne soupçonnait pas encore " la
particule varionique " qui modifie les structures de la matière , d'ou
la vision multiforme des engins interplanétaires.
Mais déja , Jimmy Guieu pressentait " l'effet varionique "
Nous avons vu qu'un engin aux formes baroques , au Canada , avait été
littéralement noyé dans une luminosité soudaine qui le transforma en une
sorte de "boule de lumière " .
Et si Jimmy , en 1955 , ne fournit pas d'explication quant au
phénomène, du moins aura-t-il l'ouverture d'esprit de ne pas le nier.
Mais notre pionnier-ufologue , qui gagne alors sa vie en publiant des
récits de " science-fiction " très imaginatifs mais peu " sérieux "
! - ne peut tout de même pas s'empêcher de prendre des risques qui ,
vingt-six ans plus tard , seront des évidences pour quiconque étudie
sérieusement la physique quantique:
" Voici donc , pour "l'individu" décrit par M.Mazaud , un Ouranien
morphologiquement et "physiologiquement " humain puisqu'il n'arborait
aucun scaphandre ni casque inhalateur. Cet être était par conséquent a
l'aise dans notre atmosphère. Son métabolisme était analogue a celui de
l'homo sapiens.
Eliminons d'emblée l'hypothèse d'un simple mortel originaire d'une
puissance étrangère et pilotant un prototype expérimental capable de
foncer dans le
ciel avec un infime bourdonnement. La puissance qui disposerait d'un
appareil aussi révolutionnaire se garderait bien de l'envoyer sur tous
les pays du globe et commencerait par cesser d'investir des sommes
fabuleuses dans la construction des avions " classiques " supersoniques.
"
Cet engin venait donc nécessairement d'ailleurs.D'un autre monde aux
conditions physiques , a atmosphère , a la pesanteur analogues ou , du
moins , sensiblement identiques aux nôtres. Existe-t-il , dans notre
système solaire , une plantée soeur jumelle de la notre ? La réponse est
non. A moins d'admettre que des " Martiens " ou " Vénusiens "
humanoïdes aient pu construire des villes sous globe ou seraient
reproduites les conditions atmosphériques terrestres ! L'on doit alors
imaginer qu'a une lointaine époque l'une de ces plantées répondait aux
caractéristiques actuelles de la notre.
L'hypothèses la plus logique , mais aussi la plus " hérétique " pour
les savants , est que cet Ouranien venait d'un autre système solaire
proche - astronomiquement parlant - du notre. Si l'on admet cette
hypothèse , l'on doit , par voie de conséquence , admettre aussi que cet
astronef s'est déplacé dans l'espace cosmique a une vitesse infiniment
supérieure a la vitesse de la lumière. Ainsi que je l'ai exposé dans les
Soucoupes volantes viennent d'un autre monde , une telle hypothèse
semble bien contredite par la théorie d'Einstein , théorie selon
laquelle tout mobile dont la vélocité tend vers celle de la lumière voit
sa masse devenir infinie. Acceptons
donc pour vraie - jusqu'à preuve du contraire - cette théorie et
envisageons une autre possibilité:celle du Sub-Espace.
Le Sub-Espace ou l'Hyper-Espace serait un espace (peut-être
concomitant a l'espace " connu " ) mais indécelable parce que partie
intégrante de ce que I'on pourrait appeler un " autre plan " ou une
autre Dimension .Dans cet " autre plan " ou Dimension , l'espace
n'aurait point d'étendue , le temps point de durée! (...) Un Univers ou
le cube et la sphère , figurent a trois dimensions , sont la section de
formes correspondantes a quatre dimensions que les hommes ne connaissent
qu'a travers leurs conjectures , leurs rêves et ou il n 'existe pas des
états tels que le
passé , le présent et le futur. Dans cet Univers abstrait tout ce qui a
été , est et sera , existe simultanément.
Pour parler de cet " Univers abstrait " , que l'on est bien obligé
de penser avant de pouvoir y accéder , Jimmy Guieu fait référence a un
poète :Lovecraft , qui imagine cet univers dans son roman Démons et
Merveilles .
Est-ce a dire que " l'idée " de cet univers appartienne davantage a
Lovecraft qu'a Guieu ? Cette seule question (ridicule) indique bien un
mode de penser tridimensionnel , c'est-à-dire " étroit ". Et si l'idée
de Lovecraft appartenait a une espèce " d'osmose psychique " seulement
accessible a certaines structures mentales ? Est-ce vraiment un hasard
si cette idée fut émise par un poète , qu'elle permit
d'échafauder une hypothèse a un ufologue , et qu'elle sert aujourd'hui
la parapsychologie , l'atomistique , la génétique ? Est-ce toujours un
hasard Si cette idée poétique se concrétise de plus en plus dans les
travaux qu'effectuent le professeur Jouvet et le docteur Bonelli sur le
rêve ? On ne connaît pas bien le professeur Jouvet ni le docteur André
Jean Bonelli ?
Qu'a cela ne tienne , on en parlera bientôt , en attendant , que le
chercheur intéressé se précipite sur deux ouvrages du physicien Jean
Emile Charon L'esprit cet inconnu et Mort , voici ta défaite. On
comprendra alors que potées , chercheurs et scientifiques a l'esprit
ouvert s'abreuvent a la même source universelle car le propre de la
pensée sauvage est d'étre intemporelle.
CHAPITRE QUATRIEME
La « chose »
J'ai parfaitement conscience d'irriter le lecteur avec ma manie
d'intervenir a tout moment pour couper le fil conducteur du récit de
Marius Dewilde.
Formuler quelques excuses a ce sujet serait bien séant mais
parfaitement inutile et tout a fait hypocrite. J'interviens , au fur et
a mesure du récit , parcequ'il me semble nécessaire d'apporter quelques
« pièces « au puzzle qui , lentement mais sûrement , s'assemblera dans
l'esprit du lecteur. Que celui-ci me pardonne quand même , on peut étre
« brouillon « et discourtois en demeurant sincèrement fraternel.
Marius Dewilde , a vous ! Parlez-nous donc un peu de cette « chose
« .
Quand j'ai voulu rallumer ma torche électrique , celle-ci ne
fonctionnait plus , pourtant les piles étaient neuves .J'ai appelé ma
femme en hurlant : elle est
arrivée suivie de mon locataire , un nommé Bertin , agent de la S.N.C.F.
Tous deux me regardèrent a la lueur d'une lampe tempête .j'étais blême
, terrorisé.
Je tentai d'expliquer , en bafouillant , ce que je venais de voir.
- Tu as bu ! répliqua ma femme. Ce que tu racontes ne tient pas
debout.
- Je n'ai pas bu , affirmai-je, et tu le sais très bien puisque
je suis sous antibiotiques et que le médecin m'a interdit l'alcool.
Je réfléchis un instant et dis
- Je dois avertir la police
J'ai téléphoné a la gare de Blanc-Misseron mais sans succès le
passage a niveau - comme tous les P.N. - était pourvu d'un poste
téléphonique destiné au service de la S.N.C.F. , et ses douze piles
avaient été changées récemment :elles étaient maintenant « vidées « ,
comme celles de ma torche électrique.Je devais m'apercevoir que les
piles de mon poste transistors étaient également « a plat « .
Le village le plus proche se nommait Quivrechain , situé a quatre
kilométrés d'ou j'habitais. Partant dans l'obscurité pour prendre mon
vélomoteur , je luttai contre de violents maux de ventre la panique
dont j'avais été l'objet produisait un effet rétro-
actif. Victime d'une soudaine diarrhée , je dus m 'arrêter plusieurs
fois en cours de route.
C'est lors du premier arrêt que je vis la « chose » posée sur le bord
du ballast. La lune l'éclairait.
Je m'approchai et vis qu'il s'agissait d'une boite métallique mesurant
, a peu prés , soixante-dix centimètres de long sur quarante centimètres
de large et de profondeur. Elle contenait un appareillage avec des
cadrans. Je sortis mon briquet , l'allumai et -
nouvelle stupéfaction ! - le couvercle de la boite métallique se
rabattit sur son secret , sans le moindre bruit.
Aussitot , je songeai a une bombe. La boite , pourtant , n'explosa pas
: aucune « minuterie « a l'intérieur , pas le moindre « tic-tac « .
Je décidai de la cacher dans le fossé avant de me remettre en route
pour Quivrechain.
L'enquête : police judiciaire , police de l'Air et D.S.T.
Arrivé a la gendarmerie , je sonne. Nul ne répond.
Il faut pourtant que je fasse une déposition : je songe alors aux
douaniers , ils me connaissent bien car je passe tous les jours la
frontière : je vais les trouver.
- Que t'arrive-t-il ? me dit-on , tu as une sale tête
J'explique ce qui vient de se passer en omettant , volontairement , la
découverte de la boite.
Je suis blême , défait , mon ton est convainquant , malgré cela la
suspicion voile les regards qui me scrutent
- Ce n'est pas de notre ressort , Mario. Il faut aller voir le
commissaire de police.
J'acquiesce et enfourche mon vélomoteur. Je suis plus calme , mes maux
de ventre se sont dissipés.
Quelques minutes suffisent pour arriver au commissariat. A cette
heure-ci , le commissaire est chez lui , bien prés de se mettre au lit ,
mais « service service »
le commissaire Gouchet me reçoit , m'écoute , me questionne , enregistre
ma déposition qu'il me fait signer et me dit de rentrer chez moi. le lui
ai tout raconté , sauf ma « trouvaille « .
Quand j'arrive a la maison , vers 1 h 30 du matin , tout le monde
dort. Je dépose mon vélomoteur sur le talus en regardant partout autour
de moi , la campagne est sombre et silencieuse. Je lève la tête vers le
ciel , comme si celui-ci pouvait m'apporter une réponse. Ai-je rêvé ?
Suis-je devenu subitement fou ?
Et brusquement , je pense a la boite : cet objet est la preuve que je ne
suis pas fou , que je n'ai pas rêvé.
Et puis mon esprit se brouille , cette boite a-t-elle jamais existé ?
N'est elle pas le fruit d'un trouble psychique , de je ne sais quel
phantasme? Il n'y a qu'une seule chose a faire pour en avoir le coeur
net. A propos de mon coeur , il bat a tout rompre , comme s'il voulait
s'extraire de ma poitrine tandis que je me livre a des investigations
qui griffent mes mains. Ce n'est pas la peur de ne pas retrouver la
boite qui me rend fébrile et met mon corps en sueur : je veux dire ,
cette boite ,finalement , je m'en moque ... mais si je ne la retrouve
pas , cela prouvera... cela me prouvera que je suis bel et bien fou.
Tout d'abord , j'ai le souffle coupé , et puis , j'exhale un immense
soupir : elle est la ! Je n'ai pas rêvé ! Je ne suis pas fou ! Tout ce
que j'ai vu et raconté par la suite est bien vrai , terriblement
vrai.trop vrai.
Je prends l'objet , le manipule et , une nouvelle émotion m'assaille :
c'est une boite , j'en suis sur.
j'ai vu son couvercle se refermer , c'est certain ... alors pourquoi
est-elle faite maintenant d'un seul bloc , sans la moindre rainure qui
laisserait soupçonner que ce machin possédait un couvercle ?
Combien de temps suis-je resté prostré devant cette « chose « , dans
la nuit , me livrant a toutes sortes de réflexions ?
Ces réflexions , en tout cas , je m'en souviens fort bien . Cette
boite doit représenter beaucoup d'argent. Je ne suis qu'un petit ouvrier
, alors pourquoi ne pas en profiter ? Au fais a qui la vendre ? Comment
opérer ce genre de transaction ? Attendons , patience.
il se passera bien quelque chose a moins que j aie , d'ici la , une
idée...
*
Discrètement , je descendis a la cave et cachai la boite sous un tas
de charbon , ensuite , je me lavai avant de me coucher.
Impossible de dormir : Ai-je bien fait de raconter mon aventure aux
autorités ? , et si les petits êtres revenaient pour chercher la boite ?
- Qu'as-tu été faire dans la cave a cette heure-ci ?
La voix de ma femme me fait tressaillir malgré moi:
- Cacher quelque chose.
-Quelque chose ? Quoi exactement ?
Je révélai a ma femme l'existence de la boite mystérieuse et dans
quelles circonstances je l'avais découverte
- Tu es fou , Mario ! Tu vas faire sauter la maison et nous avec !
- Non , ne crains rien , cette boite n'est pas une bombe , elle
n'explosera pas.
*
Samedi 11 septembre 1954 , 6 heures du matin , je n'ai pas beaucoup
dormi. On ne peut pas dire que je sois dans une forme olympique : mon
abdomen est encore sensible , mes jambes sont en coton. Bref , j'ai
l'impression d'être passé sous un rouleau-compresseur ! le me lève ,
fais un brin de toilette , avale un café et saisis ma canne a pèche : le
calme de la rivière , c'est exactement ce qu'il me faut ! Ce calme,
je ne le goûterai que quelques instants , comme celui qui précède les
plus violentes tempêtes.
*
Cela commence par une voix d'homme derrière moi
- Monsieur Dewilde?
Je me retourne
- Oui, c'est moi
- C'est pour la Voix du Nord. Pourriez-vous m'accorder une
interview , s'il vous plais ?
Aprés avoir pris des notes sur son carnet , le journaliste me scrute
- Vous devriez rentrer chez vous , monsieur Dewilde , il y a
beaucoup de monde...
Beaucoup de monde : bel euphémisme ! Un cordon de police empêche une
foule de curieux d'envahir le terrain qui entoure la maison. Dans
celle-ci femme reçoit le commissaire Gouchet tandis que , dans le même
instant , arrivent la gendarmerie de
l'Air et la D.S.T. Et ce n'est pas fini , les « envahisseurs « ne
sont pas les extraterrestres d'un mauvais feuilleton télévisé mais bien
plutôt toutes les polices ,
y compris la police de l'Air de Lille et de Paris munies
d'appareillages. Ce qui se passe alors dépasse l'entendement humain et
j'ai l'impression d'étre transporté dans un monde démentiel ou les
ordres fusent de toutes parts , ou chacun réclame une priorité d'action
: a cet égard , ce sont des militaires revêtus d'une combinaison
antiradiations qui s'imposent en tout premier lieu : mon locataire ,
toute ma famille
et moi-même sommes soumis a la détection des compteurs Geiger , ensuite
c'est le tour des animaux et du terrain. Résultat de l'opération : « La
radioactivité est supportable pour l'étre humain et les animaux. «
La preuve est faite: L'ENDROIT OU L'ENGIN S'EST POSE EST RADIOACTIF!
Je ne devrais pas trop me réjouir de cette ' preuve ' , elle va
entraîner des conséquences désastreuses pour moi.
*
**
L'enquête sur les lieux est brusquement interrompue par une rumeur
houleuse venant de la foule maintenue par le cordon de police. A cette
rumeur s'ajoute un grincement strident suivi d'un grondement lourd.
Le premier moment de surprise passé , la police et l'armée tirent les
conclusions de ce nouveau phénomène , plus « rationnel « que
l'atterrissage dont j'ai été témoin :un train , en passant lentement
pour ne pas provoquer d'accident parmi l'attroupement , a provoqué un
affaissement de la voie (le grondement sourd) tandis que ses roues
patinaient sur les rails (le grincement strident). L'affaissement s'est
produit a l'endroit même ou l'astronef s'était posé quelques heures plus
tôt.
Le machiniste immobilise sa locomotive , met pied a terre pour aller
téléphoner tandis que les enquêteurs , stupéfaits , constate une
friabilité anormale de la voie et du ballast.
Quelques instants plus tard , le machiniste s 'écrie
- Le téléphone ne fonctionne pas
- Je sais , dis-je , il ne fonctionne plus depuis
l'atterrissage.
- Qu'est-ce que c'est encore que cette histoire ? gronde une
voix aux mâles accents militaires
Cette voix ne dira plus rien dés que celui qui en a l'usage constatera
que les piles sont neuves et paradoxalement vidées. Je ne peux alors
résister au plaisir de lui montrer ma torche électrique et mon poste
transistors ! Il compare , rumine , tente de ne rien laisser paraître
sur un front soucieux et qui se voudrait intelligent , mais derrière
lequel il n'y a que le vide de l'incompréhension.
Prés de la voie , un officier attire l'attention de tous
- Venez voir ici ! Il y a un creux , une sorte de cuvette sur
une longueur d'au moins six mètres , il y a également des traces sur le
travers du ballast et des entailles sur les traverses des rails .
Les preuves s'accumulent et , bizarrement , chaque fois qu'un nouvel
élément accrédite mes déclarations , j'ai la désagréable sensation de
poser le pied
sur les marches d'un escalier qui descendrait aux enfers.
Je sais , désormais , que la précognition n'est pas un vain mot !.
CHAPITRE CINQUIEME
Je ne suis pas fou... et pourtant!
Peu de temps avant l'accumulation de ces preuves , deux inspecteurs de
la police de l'Air m'avaient dit
- Si vous avez menti , vous vous retrouverez très vite dans un
asile d'aliénés mentaux
Charmante perspective ! Mais , heureusement , ces mêmes inspecteurs se
radoucissaient considérablement. Logiquement , cette nouvelle attitude
aurait du
effacer mon angoisse inexplicable : celle-ci demeurait bien ancrée dans
mes profondeurs intimes.
Je ne savais quelle espèce d'intériorité s'emparait de mon étre alors
que je répondais aux questions en regardant distraitement les gendarmes
de Quievrechain qui plaçaient une clôture autour du lieu de
l'atterrissage , afin de protéger les traces relevées.
Quelque chose se tramait-il en moi ou autour ? Je n'allais pas tarder
a le savoir.
Aprés un dimanche relativement calme , le lundi 13 septembre , le «
cirque « recommence : Une camionnette de la police arrive , c'est un
laboratoire roulant duquel sortent plusieurs personnes en civil qui
déchargent un impressionnant matériel.
On érige une plate-forme d'une surface de deux mètres carrés , posée
sur quatre pieds de quatre mètres de hauteur. On place sur celle-ci un
énorme appareil-photo a soufflets : ainsi obtiendra-t-on une vue
générale de l'ensemble des traces laissées par l'astronef.
Les techniciens saupoudrent , d'une matière grisâtre , le pourtour des
dix-huit traces , probablement dans le but de mieux les faire
apparaître au développement du film.
Les prises de vue sont d'abord effectuées de jour , ensuite , la nuit
venue , d'autres photographies sont réalisées a l'aide de grands flashes
indépendants , fixés sur la plate-forme : leurs fulgurants éclairs
illuminent la nuit , on dirait un orage magnétique.
Les opérateurs sont assurément des photographes de la police
judiciaire mis au service de la police de l'Air , car c'est elle qui ,
visiblement , a pris l'affaire en mains .
Dans les jours qui suivirent , mes nerfs furent soumis a rude épreuve
on voulait me voir telle une bête curieuse. Je recevais un courrier
démentiel (par sacs postaux) tandis qu'une file permanente de voitures
s'étirait sur plus d'un kilomètre en passant
devant chez moi. La maison de « celui qui avait vu les martiens «
était l'attraction du jour.
Finalement , je décidai de mettre un terme a cette vie infernale , je
refusai , catégoriquement et systématiquement , toute visite , toute
requête.
Je ne pouvais m'empêcher de penser constamment a la mystérieuse boite
qui ne formait plus -depuis sa fantastique fermeture - qu'un bloc
compact , incroyablement lisse. J'avais tout essayé pour l'ouvrir :
scie a métaux , marteau , burin , scie en « acier rapide « . Rien !
Aucun effet ni résultat ,pas la moindre égratignure. Les outils
s'émoussaient sur cette satanée boite qui avait la couleur d'un
aluminium foncé.
De guerre lasse , je n'ai plus insisté. J'ai replacé la boite sous le
charbon en conservant le secret espoir de pouvoir la monnayer.
**
Un matin ,a 10 heures , j'ai cru revivre les sombres heures de
l'Occupation , quand la Gestapo surgissait inopinément
- Police Habillez-vous , monsieur Dewilde , suivez-nous
L'angoisse , la , au creux de l'estomac , celle qui ne m'avait pas
quitté depuis le premier jour de l'enquête et qui , soudain , se
concrétise , prend forme et me donne un étrange goût d'amertume dans la
bouche.
- Mais... ou m'emmenez-vous ?
- Simple interrogatoire de routine. Ce ne sera pas long.
Enfin... prenez toujours quelques affaires ,...sait-on jamais !
Ma femme et moi ‚changeons un bref regard tandis que notre enfant
vient se plaquer contre mes jambes. Cette scène est du meilleur poncif
des vieux films de « série noire « et l'on a du mal a imaginer que
cela puisse arriver dans la réalité : que cela puisse vous arriver
*
**
Mal a l'aise , terriblement inquiet , j'embrasse ma femme et mon
enfant avant de monter dans un fourgon militaire duquel je ne vois pas
la route.
Le véhicule s'ébranle , roule , fonçant je ne sais ou n'y tenant plus
, je questionne encore d'une voix brisée
- Ou m'emmenez-vous ?
- Chez les dingues
- Quoi?
- Hôpital psychiatrique , Si vous préférez
- Mais je ne suis pas fou
- Ah non?
- Non!
- Alors , pourquoi avez-vous fait de fausses déclarations
?
Il y a des instants dans la vie qui sont indescriptibles , celui-ci en
est un. Il faut vivre certains moments de l'existence pour les bien
comprendre , pour les sentir pleinement et a tous les niveaux
physiquement , moralement , sensoriellement...
Les boyaux tordus , la boule dans la gorge , l'envie de vomir , tout
cela n'est rien comparé a l'impuissance d'un étre subitement plongé dans
l'absurde , brusquement confronté a l'autorité l'égalisée de certains
individus qui ne sont que des hommes ,
mais des hommes auxquels on a conféré un « pouvoir « qui les rehausse
au-dessus du commun des mortels a domestiquer. Et voici que ce «
pouvoir » s'abuse lui-même en se voulant « supérieur « , et voici que
cette » supériorité » semble jouir de la peur qu'elle inspire , et
voici que , subitement , ce pouvoir supérieur délègue une « existence
« a l'individu qui -sans ce pouvoir supérieur - serait passé dans la
vie sans étre remarqué , parce qu'il n'a rien de « remarquable « . Oui
, enfin , il existe par rapport a celui qui , tout aussi subitement ,
n'existe plus.
Est-ce donc » cela « l'humain ? Non , c'est pire.
La torture ? Je connais !
Trois heures de route et nous arrivons dans la cour d'un hôpital.
Quand je descends du véhicule en demandant ou nous sommes , nul ne me
répond
- Avancez , s'il vous plaît
- Ou suis-je ? Peut-être a Paris , mais je n'ai aucune
certitude.
Je marche comme un automate et remarque des voûtes en passant sous un
porche :maigre indice.Des escaliers , des couloirs , une porte , un «
service « Neuropsychiatrie.
Je donnerais dix ans de ma vie pour un cognac ou une cigarette , mais
je me ferais couper en petits morceaux plutôt que de mendier quoi que ce
soit aux « blouses blanches » et aux civils présents.
- Déshabillez-vous
Sans étre vraiment brutal , le ton est intempestif. Il provient d'une
voix habituée a se faire obéir.Alors , évidemment j'obéis.
- Asseyez-vous ici
Je regarde le siège indiqué : j'ai vu pratiquement le même dans un
film , les Anges aux figures sales , avec le comédien James Cagney qui
est exécuté sur une « chaise électrique « .
Il ne s'agit , en l'occurrence , que d'un appareil a électrochoc : en
engin de torture , ni plus ni moins , qui - jusqu'à preuve du contraire
- n'a jamais guéri une maladie nerveuse.
Au Moyen Age , on brûlait ou on étouffait entre deux matelas les «
possédés » de mon espèce , en plein milieu du xxe siècle , on les «
électrocutait « .
D'aprés l'excellent film Vol au-dessus d'un nid de coucous , il
semblerait que les méthodes aient évolué , on n'arrête pas le progrès :
maintenant on ouvre la boite crânienne de laquelle on retire l'élément
perturbateur. Le fou d'hier devient un parfait abruti tout a fait
inoffensif. Cette extraordinaire opération s'appelle une « lobotomie ».
*
Assis , tête , ventre , poignets et pieds sanglés , me voici seul ,
abandonné a moi-même , dans l'attente de je ne sais trop quoi , mais
toute cette préparation ne me laisse présager rien de bon.
Une décharge fulgurante me traverse entièrement. Je me cabre sur mon
siège , casse une sangle ventrale (il m'a été dit que j'étais d'une
force exceptionnelle !) et sombre dans un trou noir, dans l'inconscience
la plus totale.
Drogué
J'émerge lentement a la surface d'une luminosité opaque en laquelle
flottent des blouses banches
- Il revient a lui
Une silhouette se profile sur mon champ de vision brouillée
- Alors ' monsieur Dewilde' vous êtes plus calme ?
- Que me voulez-vous?
- Oh ! pas grand-chose... seulement la vérité sur cette affaire
- J'ai dit la vérité.
- Hum !... disons ,... une partie de la vérité.
- Je vous assure , j'ai tout dit.
L'homme se redresse
- C'est un coriace ! Essayons une narcose , docteur.
Je me raidis sur mon siége.Une narcose ?... qu'est-ce que c'est ?
- Du penthotal , monsieur Dewilde , communément appel ‚ « sérum
de vérité ». Puisque vous avez dit la vérité , vous n'avez rien a
craindre... n'est-ce
pas ?
Une piqûre dans le bras droit et , rapidement , une torpeur intense
m'envahit. Malgré cela , je fais appel a toute ma résistance , a toute
ma volonté , mais ce n'est pas facile : je m'entends parler au travers
d'un nuage , comme dédoublé de moi-même , je pense pouvoir encore étre
le maître de ma pensée et , indubitablement , je la domine , le seul
phénomène contre lequel il m'est impossible de lutter est le suivant:je
suis dans la plus complète impossibilité de mémoriser les mots que
j'exprime et dont je suis conscient au moment même ou je les formule :
aussitôt parés , ils échappent a tout processus de rappel.
Et une fois de plus , le néant , l'inconscience.
Cet homme est dangereux !
Je dois produire un rude effort pour soulever deux paupières plombées.
Les yeux embués découvrent un plafond bas et des cloisons capitonnées.
Durant un certain temps , je demeure étendu sur le lit , respirant
péniblement , tentant de retrouver mes facultés mentales et physiques.
J'ai dans la bouche un goût âpre. Un morceau de contre-plaqué semble
remplacer ma langue. La soif m'assèche la gorge. Il se passe alors
quelque chose d'étrange en moi : je devrais étre anéanti , désespéré ,
plus mort que vif : rien de tout cela , au
contraire : une incompréhensible force m'habite , un espoir inébranlable
m'alimente. Tout comme j'ai eu le pressentiment de prochains ennuis ,
j'ai maintenant la certitude que je tiendrai le coup et sortirai de
l'aventure sain et sauf. Autosuggestion ? Instinct
de conservation ?... ou autre chose?
Je parviens a me redresser et a vaincre le vertige qui m'assaille dés
que je pose le pied par terre.
J'examine la pièce : il y a un « oeil » sur la porte.La fenêtre est
nantie de barreaux au travers desquels on peut voir de petits pavillons
: des malades étranges se promènent dans les allées.
- Ce sont des lépreux ! dit une voix derrière moi.
Interloqué , je me retourne , un infirmier est la ,dans la chambre ,
je ne l'ai pas entendu entrer car je suis encore sous l'effet des
narcotiques.
L'homme accuse une cinquantaine d'années et arbore un visage plutôt
sympathique.
Il a dans les mains une carafe d'eau et un verre
- Vous voulez boire ?
- Oui , j'ai très soif.
Il emplit le verre
- On ne laisse pas de verrerie a la portée des malades pour
éviter les tentatives de suicide.
- Je ne suis pas malade
Il hoche la tête d'un air entendu en me tendant le verre d'eau
- Vous n'êtes pas très solide sur vos jambes , vous devriez vous
recoucher.
Aprés avoir bu , je questionne l'infirmier
- Je suis dans une léproserie?
- Ne vous occupez pas de cela , dit-il en sortant de sa poche
un paquet de cigarettes.
En fixant ce paquet , j'oublie les lépreux , les Extraterrestres , la
boite-a-malice , mes ennuis
- Est-ce que je pourrais...?
Il sourit et m'offre une cigarette
- C'est défendu de fumer , dit-il en me donnant du feu. Enfin ,
je veux dire défendu de se faire prendre!
Encouragé par son attitude, je lui dis
- Ecoutez... je voudrais...
- Inutile mon vieux , interrompt-il aussitôt , je ne peux rien
vous dire , sinon ceci : Dites-leur ce qu'ils veulent... pas de
rébellion de votre part...croyez-moi , ca vaudra mieux pour vous , ils
sont tenaces!
- Qui... Ils ?
L'infirmier hésite un court instant , je sens qu'il lutte avec sa
conscience.Il finit par répondre
- La D.S.T. Tu es classé comme « Individu Dangereux «
source :
http://www.onnouscachetout.com/forum/topic/579-laffaire-marius-dewilde/#entry6204